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Céramiques d'art

Par Christine Viallet-Kuhn

Qui suis-je ?

C’est en 1962, à l’école d’éducatrices spécialisées de Nancy où j’ai fait mes études que j’ai touché la terre pour la première fois, les métiers d’art étant enseignés comme moyens pour la rééducation des enfants et adolescents difficiles.  Ce premier contact avec la terre a été pour  moi une révélation en résonance avec  l’évidence intérieure que je devais approfondir.


Jeune mère, tout en travaillant dans mon métier d’éducatrice j’ai animé  bénévolement des stages dans un centre social où je pouvais utiliser le tour pour mon propre apprentissage. Puis pour m’occuper d’adultes  j’ai fais un stage de 15 jours  chez Norbert Pierlot à Ratilly (Yonne) où deux années plus tard j’ai moi-même enseigné.


En 1972 j’ai du arrêter mon travail d’éducatrice pour m’occuper de mes quatre enfants, j’ai pu ainsi monter un atelier dans ma maison de Versailles  où je me suis engagée dans une longue formation personnelle tout en donnant des cours du soir dans une ambiance amicale.
1980 et 1981 Sélectionnée  deux fois au Musée des Art Décoratif de Paris  pour les expositions : «Les Métiers d’Art»  et   «Céramique française contemporaine».   


1982 participation à la biennale de Vallauris. 
1983 sélectionnée au concours international de Faenza (Italie).
1985 Achat par le Musée de Sèvres de trois œuvres.
 1985 Exposition au Musée de l’impression sur étoffes de Mulhouse, avec ma sœur  Hélène Ferruzzi (impression sur tissu) , et mon frère Benoit Kuhn (photos).


 Depuis, diverses expositions en France, Allemagne, Belgique, Suisse ; personnelles et collectives notamment avec  Hélène Ferruzzi. Notre travail s’accorde très bien !
De 1986 à 1995 j’ai dû ralentir mon activité à cause de problèmes familiaux..
En 1999 j’ai déménagé mon atelier dans le sud-ouest de la France où je suis actuellement.


  Avec un ami modeleur nous avons créé une association : « De la terre à la Terre». Ce qui nous permet avec notre travail de parrainer entre 4 et 6 enfants dans le tiers monde pour qu’ils puissent accéder à des études et plus tard un métier.
Aujourd’hui, à 75 ans je suis  toujours habitée par la même passion pour le métier de céramiste.  Je n’ai plus autant de force et de dextérité pour tourner de grandes pièces mais continue la recherche  sur les glaçures et les engobes avec des tailles plus modestes.

Presse

Françoise Espagnet  (journal : La Céramique Moderne. 1982)

Christine Viallet est issue d’une famille lorraine qui compte plusieurs artistes musiciens, peintres, ébénistes dont Louis Majorelle qui fit le renom de l’école de Nancy.
 
Au début  Christine façonne des pièces en corolles,  hauts calices floraux dont les couleurs jaunes, oranges bleues sont obtenues par des émaux de cuivre, fer ou cobalt sur porcelaine. Ces pièces tournées sont terminées par un modelage du col ouvert affectant l’aspect de pétales. La minceur des bords est telle qu’ils peuvent être ressentis comme agressifs ; mais l’ensemble reste harmonieux, sans se départir d’une élégance de style rétro.
Mais Christine reste campée sur une certitude, celle d’une œuvre à accomplir, une œuvre à sa mesure et dont elle sent l’opulence, la largesse ; cela consiste à façonner des pièces globulaires aussi volumineuses que ses bras le lui permettent lorsqu’elle doit manipuler plus de neuf kilos de terre, lorsqu’elle demande à ses muscles de se soumettre à ses exigences. Enormes ovoïdes qui prennent toutes les formes possibles entre la sphère et l’amphore surbaissée, ou étirée.
Christine tourne en deux parties qu’elle raccorde, puis elle coule, à la louche ou au pistolet des émaux de fer de cobalt ou de manganèse. Ils sortent avec la vigueur orange des fontaines ferrugineuses ou enfiévrés de braises, avec le bleu crépusculaire des nostocs mouillés, avec des fourrures sauvages et des sèves débordantes qui n’en finissent pas de parler d’une végétation luxuriante.
Dans ce type de pièces, Christine semble avoir trouvé ce qui correspond à sa vérité. C’est avec fierté qu’elle parle de son installation de l’organisation de son travail. Le four à gaz est muni de quatre systèmes de flammes ce qui permet d’obtenir des résultats assez proches de ceux du four à bois. Les petites pièces sont biscuitées dans un petit four électrique. Pour l’émaillage Christine utilise le pistolet dont elle a une grande habitude. Elle note la composition des émaux, la place qu’elle réserve à chaque pièce dans le four et prépare une courbe de température qu’elle essaye de suivre au plus près. Parfois les pièces sont  cuitent une deuxième ou une troisième fois après une nouvelle couche d’émail, ce qui donne des couleurs magnifiques dont les fameuses braises.
 
Depuis de nombreuses années Christine Viallet approfondit un travail de recherche sur les émaux de haute température.  «C’est par la franchise et la noblesse de ses glaçures au fer qu’elle s’est distinguée, imposée dans le monde de l’art : les braises, les ors, les pourpres, les bronzes, autant de couleurs qui désormais impliquent la référence à Chistine Viallet. ---‘Un pot comme un geste d’amour’,---c’est là l’essentiel de la progression de cette artiste. En disponibilité dans ses rapports avec les autres, elle souhaite communiquer dans le médium qu’elle maîtrise, le message de beauté spirituelle d’un ailleurs absolu.»

G.C. Waintraub

Christine Viallet a tenu à conserver le privilège de penser avec ses mains. Magicienne des rêves et potier de grand talent, elle dompte une matière ingrate qu’elle exalte en la contrecarrant, elle en libère ses plus grandes énergies et, l’ayant sollicitée, la pare magnifiquement grâce à la double complicité du feu et de l’oxyde de fer. Ses pots au profil tendu, ses étonnantes petites corolles si douces au toucher, ses divers objets se reconnaissent aisément : la profondeur des bleus, la riche sonorité des rouges, l’embrasement, le jeu des taches qui rythment l’espace, les brumes et les nuées pulvérisées, la simplicité organique de ses paysages intérieurs, autant de signes qui trahissent à peine la parfaite maîtrise de la cuisson tant l’inattendu paraît présent. 

Danielle Cohen

Christine Viallet a suivi une première formation  de céramiste dans la Puisaye, au château de Ratilly. Avec Norbert Pierlot, et Jeannette, son épouse passionnée de chant, elle a partagé l’amitié et  la joie des arts qui étaient son univers. Les expositions chaque année nous ramènent vers ces lieux d’émotion, où elle a enseigné en même temps que Colette Biquand.
Elle garde des relations très amicales avec des céramistes comme Jean Girel, Valérie Hermans, et quelques grands collectionneurs.
Elle a avancé en autodidacte dans les chemins infinis de la céramique, trouvant son rythme, créant son propre atelier, à Versailles, donnant des cours du soir, où l’amitié et la générosité n’ont jamais cessé d’être au rendez-vous.
 
C’est avec discrétion et simplicité, dans l’apprentissage du « faire », qu’elle assume les origines de la célèbre famille nancéenne de Majorelle.
 
Elle travaille au tour, même si parfois après le tournage, le plus souvent avec des pièces en porcelaine, elle continue d’étirer sa forme. Ce n’est pas pour éviter ou tirer parti d’un défaut qu’elle intervient, mais pour répondre à un désir qui ne se contrôle pas, sans alibi.
Elle aime travailler le grès en finesse, étirer sa pâte au maximum, faire des pièces très légères, dentelées, des vases, des coupes, des récipients, des bols, en forme de corolle.
Elle travaille avec beaucoup d’organisation, notant ses mélanges, par pièce, par année, même si cette étonnante bibliothèque reste enfouie au fond de l’atelier, quelque peu rassurante, strates oubliées de la création de soi-même. Après chaque exposition, l’atelier revient à un état originel, libre d’un passé proche qu’elle a vécu avec attention. Les instruments sont rangés sur leur panneau de bois, les tours et les blocs de terre en attente. Seules quelques affiches sur sa table de travail font le lien avec les projets qui s’annoncent.
 
 Les formes sont raffinées, délicates, déclinées en masses d’importance diverse. La sobriété sied aux pièces plus volumineuses. Elles évoquent les pièces Song, rayonnant de leur silence et de brillance. Elles en ont la matière, la lumière et la densité.
Après le tournage des pièces de forme, par la qualité et la spécificité de l’émaillage, Christine va ajouter de l’aléatoire et de l’indicible à la technique, donner à son œuvre la signature qui la différencie d’une poterie simplement utilitaire.
La cuisson se fait dans un four à gaz, en réduction.
Elle utilise des glaçures qu’elle fabrique elle-même, par essais. La qualité de ces glaçures donne à la couche d’émail superficielle une profondeur et une sensualité étranges. Telle une matière vivante, modelée par ses vibrations intérieures, elle mobilise notre attention. Le geste qui a donné forme, maîtrisé ses courbures, géré l’équilibre entre le vide et le plein, s’épanouit dans le caractère unique de ses émaux.
Ses émaux de cendres sont des cendres de lavande récupérées dans les distilleries du midi. Elle les mélange aux cendres ordinaires de ses bois brûlés dans la ceminée, de chêne et châtaignier, lavées, débarrassées de leurs alcalis, séchées, tamisées très fin, parfois étalées au pinceau, pour un jeu plus orienté de la répartition des portées.
Les porcelaines en corolle, récipients en pétales, aux résonances cuivrées ou grises, légèreté de matière, en émaux superposés, brillants ou mates, céladons  mêlés de rouge de cuivre.
 
Ella travaille ses émaux en épaisseur, avec des associations complexes de carbonate et d’oxydes. En réduction très forte, Le rouge de fer tourne au bordeaux. En oxydation, elle fait passer la pièce d’un gris mat à un vert bleuté très brillant, Elle joue de ces passages de couleurs, de ces différences d’opacité, n’hésite pas à réduire très fortement ses émaux, les saturer en oxyde de fer pour donner des effets de matière inattendue, impressions de chair fripée, fourrure grise, plissage. La mise en relation des couleurs, sur cette surface livrée à un espace réel, sollicite le regard, le toucher,  Ces chairs épaisses d’émail concentrent la couleur, la gavent d’une vie intérieure qui palpite à sa surface et la rendent à des accords qui cherchent l’harmonie à travers la discordance.
Avec le tour de l’atelier, nous découvrons l’émotion, la sensibilité, inscrites dans les mots comme sur la pâte si généreuse des formes et des irisations.
Bien que Christine Viallet soit entrée dans le monde de la céramique par la grande porte, celle d’une exposition au musée des arts décoratifs : « Les Métiers de l’Art », elle a abandonné le chemin des expositions, pendant quelques années, pour des raisons personnelles, mais aussi pour suivre sa voie complètement, sans embûche.
Pendant que Christine restait dans l’ombre des chemins de traverse, se délectant de petites expositions sans mise en cause, elle gardait la main sur le tour, et elle prenait la plume. Créant avec des amis en recherche, une association sur la dimension cosmique de l’homme elle écrit et publie trois livres de poésie, inscrivant définitivement dans son œuvre, par touches, presque musicalement dans la forme, un sens de la vie, du don de soi, et toute la délicatesse que nous trouvons dans ses céramiques.
Ainsi assumant par penchant cette présence du mot au centre de son travail, donne t’elle à ses œuvres les titres qui sont à la fois signe de l’évidence, préoccupation du temps, émotion, jeu collectif, échos d’une déclinaison de la création :
Avant le temps, Big-bang , Eclosion, Premier monde, Mystérieuse, Songe, Zen, Opulente, Bronze, Duelle, Atmosphère.

La poésie est au rendez-vous de ses penchants tendres ou violents,

Christine Viallet semble synthétiser ces deux aspects, couleur et matière, l’un et l’autre savamment appliqués, pour arriver à de tels éclats. Son savoir-faire est imprégné de la leçon ancestrale de la céramique japonaise, pour laquelle il importe moins de se pencher sur la couleur que sur la brillance ou la matité, et chaque œuvre non pas à son insu, mais avec une attention et un cheminement complexes choisit l’une ou l’autre voie. Nous sommes au delà d’un principe de réalité qui nous ferait reconnaître un vase, une coupe, un plat. Le minéral se mêle au végétal, les émaux se superposent ou s’entrechoquent, selon le pinceau, le coup de chaleur ou le refroidissement, donnant aux pièces un modelé et une sensualité qui, au -delà des mots, nous porte à une admiration silencieuse.
Son dernier travail est une recherche de cristallisations sur petites pièces en porcelaine qui semblent des paysages dessinés, arbres dans le désert, visages, fossiles…
Le hasard prend une place étonnante et elle essaie d’en comprendre le processus. Elle aime autant la surprise que la maitrise de son travail.

Josyane Chevalley 12 /2005
Lors d’une exposition commune avec Hélène Ferruzzi au château de Venthone en Suisse

La céramiste  louange matière et couleur dans son atelier, en face des Pyrénées. Elle fait se côtoyer l’austérité et l’exubérance allant jusqu'à faire exploser des corolles et fleurir des coquillages. Elle parle de son arrière grand-père, l’illustre faïencier Auguste Majorelle et fait référence à cette fibre artistique qui berce l’âme d’Hélène et la sienne. Des pièces de Christine sont exposées au Musée de Sèvres. Elle est connue dans le monde délicat de la céramique d’art.
Les tissus d’Hélène et les poteries de Christine se répondent. Leurs démarches artistiques sont précises jusqu'à la plus grande élégance. Qu’il s’agisse de l’écriture byzantine qui fait chatoyer ou frémir les tissus ou des poteries somptueuses jusqu'à tendre à une forme d’épure pour mieux caresser la matière, Hélène et Christine sont là pour enchanter et faire écho à l’exigence spirituelle qui les habite et proclame leur parenté. 

Sylvie Girard pour la revue de la céramique et du verre